Interview client : Partie I - Utilisation du TBI chez les personnes autistes pour se produire sur scène

05/11/2020
Rédaction: Amira Barghouthi, conseillère en TICE

Le 7 Octobre 2020, je me suis rendue à l’IME Jeune APPEDIA à Chatenay Malabry pour une interview avec Madame Isabelle Haye, enseignante spécialisée pour les personnes avec TSA (trouble du spectre autiste) au sein de l’établissement. Madame Haye utilise le TBI de Promethean dans son enseignement afin d’aider ses élèves à l’apprentissage.

IME JEUNE APPEDIA est un établissement spécialisé pour les enfants ou adolescents vivant avec un handicap. On y propose tout ce dont l’enfant a besoin : la scolarité, les soins, et aussi un accompagnement dans la vie quotidienne avec des éducateurs spécialisés. Le personnel s'adresse aux enfants avec une déficience intellectuelle légère, modérée ou sévère.

Appedia Autisme

Malgré les gestes barrières pour éviter la propagation du covid-19, la directrice adjointe et les enseignants présents sur place nous ont accueilli chaleureusement.

Par la suite, je me suis posée dans le bureau de Madame Haye pour échanger avec elle sur les différents cas d’usage du TBI au sein de son établissement.

Voici le déroulement de notre échange :

Question : Pouvez-vous vous présenter pour nos lecteurs ?

-        Alors je suis enseignante spécialisée pour les personnes avec TSA. Au départ j'étais enseignante professeure des écoles et j'ai refait une formation, refait des études pour passer un diplôme qui donc m'a donné le titre d'enseignante spécialisée. J'ai pris comme option pour l’enseignement des jeunes avec TSA. Je me suis donc spécialisée pour les gens avec trouble du spectre autistique.

Question : Quand avez-vous intégré l’IME ?

-        Je suis ici depuis Septembre 2015

Question : Vous avez commencé à utiliser l’Activboard dès que vous avez rejoint l’IME ou est-ce que ça s’est fait un peu plus tard ?

-        Alors pas du tout, il n'y avait pas le TBI. On avait obtenu la subvention par la fondation orange mais l'achat n'avait pas été fait. On m'a alors demandé quand je suis arrivée si j'étais intéressée pour reprendre le projet et mettre en place l’outil. J'étais partante et on a installé l’Activboard en 2016.

 Activboard Promethean

Question : Entre Septembre 2015 et la date d’installation du TBI en 2016, qu’utilisiez-vous ?

-        Avant l’Activboard, on avait des tablettes : 2 ipads et plusieurs tablettes Android

Question : Et maintenant vous utilisez toujours les tablettes avec vos élèves ?

-        Tout à fait, c'est complémentaire, ce n'est pas du tout le même travail que j'effectue, la tablette va être plus pour un travail axé sur la communication, parce que nous avons des jeunes qui ne communiquent pas par le langage oral en tant que tel. Ils vont plutôt communiquer avec des images, des échanges d'images, et c'est le principe du PEX. Et nous nous allons les inciter à communiquer en donnant une image au lieu de les laisser se précipiter et pointer du doigt ce qu’ils veulent demander ou même prendre des choses par eux-mêmes. On facilite ce qu'on appelle le béquillage, une autre forme de langage. Ce qui est magnifique c’est que le langage est augmentatif avec l'outil numérique.

Enfant autiste

Question : Sans les outils numériques (Tablettes et TBI), comment se faisait ce type de communication ? Traditionnellement, vous utilisiez des étiquettes et des images ?

-        Ça peut se faire de deux manières : avec le PEX de base, donc un classeur avec des étiquettes, des photos,                parce qu'il faut tenir compte de la compréhension du jeune, ici nous avons affaire à des jeunes qui ont aussi une déficience mentale associée, donc certains jeunes qui peuvent avoir quinze, seize, dix-sept ans, auront en réalité une compréhension cognitive d’un enfant de 18 mois, deux ans ou de trois ans. Donc il faut s'adapter, savoir ce que comprend chacun. S’il est au stade de la compréhension de l’objet, on lui montre un objet. Quand on lui montre une photo d’un objet, est-ce qu'il sait à quoi cela renvoie ? Est-ce qu’une photo fait sens pour lui ? Est-ce qu'il est à la compréhension de l'image, du picto, ou même la lecture. Tout cela doit être évalué par une orthophoniste, par moi-même, et puis après on va proposer un langage qui lui convient. Et puis on a certains pour lesquels ce type de langage ne fonctionne pas, et donc il faut utiliser la langue des signes. Et moi je suis formée à la langue de signes, je parle la langue des signes avec les élèves. Je ne suis pas bilingue en langue des signes mais j'ai déjà un niveau européen qui est validé et qui me permet de parler avec mes jeunes. J'en ai deux, avec lesquels je signe. J’ai aussi développé une manie, parfois je vais faire les gestes en parlant. Il ne faut pas prendre ces gestes comme gestes parasite parce que parfois quand je parle, je vais avoir le mot en langue des signes que je vais faire en même temps.

Question : Comment sont organisées vos classes ?

-        Mon employeur c'est l'éducation nationale, et je fonctionne selon le calendrier de l'éducation nationale. Concernant les jeunes, je les accueille soit en individuel, soit par deux. C'est en fonction de ce que le jeune est capable de supporter en termes de proximité physique avec une autre personne. Je peux aussi dispenser des cours de trois ou quatre personnes en même temps, mais ça sera plutôt pour les ateliers.

On a un petit groupe de jeunes qui appartiennent à une chorale, mais une chorale atypique, une chorale lyrique. Nous avons eu la chance (et j'en fais partie) de chanter et de produire quatre présentations au théâtre des variétés : nous avons chanté la traviata.

C'était un projet très ambitieux, on a été suivi par les médias, on a chanté avec des professionnels, il y avait tout un aspect théâtre, il y avait une mixité entre le monde ordinaire et le monde du handicap.

Ce qui est incroyable chez les personnes avec autisme, et je pense à deux élèves, c’est que certains ne savent pas lire, pratiquement pas écrire, mais ils ont une mémoire phénoménale. Donc on apprend le texte et mon travail consiste à d'utiliser le TBI et tous les champs que j’ai mis en picto et en photo pour qu’ils puissent comprendre ce qu'ils sont en train de chanter. Moi je vois ça comme une petite mélodie et c'est vraiment intéressant d'avoir le TBI pour mettre en pratique tout cela.

La Traviata opera

Question : Donc ils ont pu visualiser le sens des mots qu'ils chantaient grâce à l’Activboard ?

-        Oui, mais les chants étaient complètement en italien. On a simplement expliqué ce qu'était l'histoire de la traviata, de violeta qui était malheureuse avec son amoureux. On les a emmenés au palais de congrès parce qu'il y a des présentations de ce spectacle-là, pour leur montrer un petit peu ce que ça peut être vue de l'extérieur quand c’est présenté par des professionnels. Après beaucoup de travail, nous nous sommes produits au théâtre de variétés en Juin 2016. On a eu quatre dates et c'était blindé, il y avait tout un monde et le théâtre était plein, c'était une superbe expérience.

Nous publierons la suite de cette interview dans le prochain article.

Visitez notre site pour en savoir plus. A bientôt !

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